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INNOVATIONS BLEUES | 97
sur l’océan, qui couvre plus de 70 % du globe. Ainsi,
ils pourront mieux appréhender les mécanismes d’ab-
sorption du CO2 et l’impact du réchauffement clima-
tique sur l’ensemble des régions océaniques.
Quels sont les programmes scientifiques
impliqués ?
Les données sont envoyées au laboratoire de mé-
téorologie de l’Institut Max Planck, ainsi qu’aux la-
boratoires de Geomar et de l’Ifremer. Après avoir été
traitées, elles sont soumises à la base de données
mondiale SOCAT où une nouvelle vérification est faite.
Un drapeau est attribué à chaque donnée en fonction
de sa précision. Nos données ont été classées comme
étant de la plus haute qualité avec ce type de mesure
et de navire. Elles sont donc disponibles pour la com-
munauté scientifique mondiale. Nos données de 2019
ont, par exemple, été utilisées dans le rapport mondial
sur le bilan carbone et sont déjà citées par les scienti-
fiques dans plusieurs publications.
Quelle était votre principale motivation pour
ajouter une dimension scientifique à cette course
souvent appelée « l’Everest des mers » ?
Malizia II est considéré comme un navire d’opportu-
nité, dans le sens où il collecte des données pendant
la course grâce à son laboratoire océanique de bord.
C’est idéal pour les scientifiques, car cela ne coûte pas
aussi cher et ne prend pas autant de temps que de
mettre à l’eau un navire de recherche ! De plus, peu de
navires peuvent voyager sans escale dans ces zones
océaniques éloignées des routes maritimes clas-
siques. Pouvoir contribuer à la science des océans,
c’est une sacrée motivation à mes yeux ! La protection
de l’océan est quelque chose qui ne peut que tenir à
cœur à un marin… En tous cas, depuis quelques an-
nées, nous avons échantillonné de nombreuses ré-
gions qui n’avaient jamais été observées auparavant,
ce qui permet aux scientifiques de combler les lacunes
de leurs modèles et de voir si la quantité de CO dans
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l’océan a augmenté proportionnellement à celle de l’at-
mosphère. Dans l’atmosphère, l’air circule et se mixe
en quelques mois. Dans l’océan, les changements se
font beaucoup plus lentement : il y a environ un mil-
lier d’années d’inertie ! Alors pouvoir apporter notre
contribution à ces recherches, c’est quelque chose de
fondamental.
© Andreas Lindlahr