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RENFORCER L’OCÉANOGRAPHIE | 69
Razan Al Mubarak
présidente de l’Union internationale
pour la conservation de la nature
(UICN), élue championne de haut
niveau des Nations unies pour le
changement climatique pour la COP 28
Au cours de votre formation, vous avez réalisé Aux lendemains de l’avènement du traité sur la
une thèse sur une région marine des Émirats haute mer, la priorité de l’UICN est d’agir sur la
arabes unis. Cela vous a-t-il permis de mieux conservation de la biodiversité marine au-delà de
comprendre les enjeux spécifiques de la conser- la juridiction nationale. Comment ? En contribuant
vation des océans ? à l’entrée en vigueur du traité. En tant que le plus
Dans le cadre de mon master en compréhension ancien et le plus grand réseau environnemental au
publique des changements environnementaux à monde, l’UICN est bien placée pour jouer un rôle
l’University College de Londres, j’ai étudié les droits important dans la mise en œuvre efficace et équi-
de pêche traditionnels, notamment ceux du golfe table de cet accord.
Persique et de la mer d’Arabie. Ce fut pour moi le
début d’une longue découverte, notamment en ce Toutefois, la perte la plus importante de la biodiver-
qui concerne l’importance des connaissances éco- sité marine concerne les récifs coralliens, l’un des
logiques traditionnelles. Les voix indigènes sont habitats les plus diversifiés au monde. On estime
essentielles pour l’action et la prise de décision que 60 % des récifs sont menacés par la combinai-
en matière de climat et de conservation, car elles son du réchauffement des océans, de l’acidification
sont souvent en première ligne pour répondre aux et d’autres effets induits par l’homme, un chiffre qui
conséquences du changement climatique en rai- pourrait atteindre 100 % au cours des prochaines
son de leur dépendance et de leur relation avec la décennies si aucune mesure immédiate n’est prise
nature et ses ressources. pour enrayer ce phénomène.
Existe-t-il des zones océaniques identifiées « L'océan est dynamique et a besoin de modèles
par l'UICN comme prioritaires en matière de de gestion dynamiques, surtout si l'on considère
conservation ? son espace 3D ou 4D ».
L’UICN lutte contre la perte de biodiversité en haute
mer, dans les mers côtières et les grands fonds
marins. Chaque partie de l’océan est importante,
mais il existe des points chauds de la biodiversi-
té ainsi que d’importantes zones écologiquement
productives telles que les courants qui fournissent
les nutriments nécessaires au maintien des réseaux
alimentaires océaniques.