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72 | RENFORCER L’OCÉANOGRAPHIE
© Déclic Bleu Méditerranée
MÉROUS ET CORBS, LES INDICES
D’UN ÉCOSYSTÈME À L’ÉQUILIBRE
Situées au sommet de la chaîne alimentaire, ces deux
espèces régulatrices sont des indicateurs de qualité de
l’environnement marin, « leur abondance reflétant le bon
état écologique de la chaîne alimentaire ainsi qu’une
pression de braconnage et de pêche modérée, explique
Leornardo Tunesi, directeur de recherche à l’ISPRA.
Or, très convoitées par les pêcheurs et les chasseurs
sous-marins, ces espèces sont en forte diminution et
sont classées vulnérables par l’UICN ». Espèce côtière, le
corb préfère désormais les fonds marins riches en abris
sûrs aux pleines eaux qu’il affectionne dans les zones
protégées, comme dans les eaux de la Principauté.
LES GRANDES NACRES, VERS UNE RENAISSANCE ?
• Protégée depuis 1992, cette bivalve endémique et emblématique de la
Méditerranée est victime, depuis l’automne 2016, d’une épizootie causant
80 à 100 % de mortalité. En 2018, les grandes nacres de la réserve
monégasques du Larvotto sont décimées par le parasite. En 2021, l’ensemble
de la Méditerranée septentrionale est touché, hormis quelques spécimens
présents dans les lagunes et les étangs. L’espèce Pinna nobilis est classée
« danger critique d’extinction » par l’UICN.
• « La science participative contribue activement aux observations de mortalité
des grandes nacres, et donc à l’état des populations de ce coquillage qui vit
habituellement près de 40 ans », intervient Nardo Vicente, professeur émérite
d’océanologie à l’IMBE Aix-Marseille Université. Et parmi les études menées,
l’inventaire des populations encore en bonne santé de l’étang de Thau,
en Occitanie, désigne certains secteurs propices au maintien des grandes
nacres. Seules quatre grandes nacres ont pourtant été dénombrées dans
l’étang d’Urbinu, en Corse.
• Une nouvelle nacre (Pinna rudis), plus petite, en provenance du
nord de l’Afrique via Gibraltar, a été signalée sur les côtes rocheuses
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méditerranéennes. Des études génétiques sont menées dans les laboratoires
pour déterminer l’existence d’espèces hybrides.