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24 | POLLUTIONS ET SANTÉ
AFFAIRE DE DROIT
La pollution plastique
dans les mains du droit
Le droit international de l’environnement poursuit ses avancées pour juguler
la pollution plastique. Une problématique mondiale, un casse-tête pour le droit.
À l’initiative de Pascale Ricard, chargée de recherche « 100 % des prélèvements que nous avons faits
du CNRS au Centre d’études et de recherches en dans les fleuves européens sont pollués par les mi-
droit international et communautaire (CERIC) de croplastiques », constate en ouverture de session
l’université Aix-Marseille, une matinée entière de Jean-François Ghiglione, directeur de recherche du
workshop a été consacrée à cette thématique dont CNRS au laboratoire d’océanographie microbienne
se saisit le droit international de l’environnement, en de Banyuls-sur-mer, suite à la mission scientifique
écho avec les sciences de la mer. Le 24 mars 2021, « Microplastiques 2019 », qu’il a dirigée à bord de la
lors de la réunion digitale de la Monaco Ocean Week, goélette Tara. Les fleuves sont donc les principaux
les experts ont amené leur point de vue sur un champ vecteurs de la pollution plastique des océans qui,
interdisciplinaire en plein essor. « si rien n’est fait, devrait se multiplier par 3 en l’es-
pace de 20 ans. Mais avec la mise en place d’une
politique volontariste, on serait capable de réduire de
LE DROIT DE LA MER, 80 % cette pollution ! », poursuit le biologiste ma-
PIONNIER rin. Quel appui peut-on espérer de l’appareil juridique
international ? Quelles sont les dernières avancées
La pollution plastique fait son apparition dans le droit du droit de l’environnement sur cette question ? Les
de la mer il y a une quarantaine d’années, lorsque principales lacunes sur lesquelles se mobiliser ? La
l’Organisation maritime internationale légifère sur les session de travail de la Monaco Ocean Week s’est
rejets des plastiques par les navires. Le droit de la concentrée sur ces questions, favorisant un dialogue
mer a donc réagi le premier face à cette pollution qui constructif.
provient pourtant essentiellement (à 80 %) des terres.
Depuis, le droit de l’environnement s’étoffe, s’ajuste
et se structure autour du problème plastique, patho-
logie planétaire, polymorphe et souvent invisibilisée,
dont les océans accusent les symptômes.