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72 | PARTAGER LES AVANCÉES SCIENTIFIQUES
UNE CARTOGRAPHIE
DES ÉCOSYSTÈMES
Surveillance visuelle, prélèvements d’ADN environne-
mental, veille acoustique sous-marine… Les projets
scientifiques menés par One Ocean Foundation UN HOTSPOT POUR LES MAMMIFÈRES MARINS
comprennent une série d'activités innovantes et
pionnières rendues possibles grâce au soutien Le canyon sous-marin au large de la Sardaigne abrite 7 des 8 espèces de
d'importants centres de recherche tels que l'univer- cétacés habituellement présentes en Méditerranée occidentale, espèces parmi
sité de Milan-Bicocca. Cette dernière analyse les lesquelles figurent les plus menacées, tels la discrète baleine à bec de Cuvier,
échantillons d’ADN environnemental pour surveiller le dauphin de Risso, le rorqual commun et le cachalot. Il serait aussi parcouru
la présence de substances spécifiques, notamment par d'autres mammifères marins comme le phoque moine, l’un des pinnipèdes
des indices de présence d’espèces rares tels le les plus menacés de la planète.
phoque moine et la baleine de Cuvier. « Nous
considérons qu'il est essentiel de donner la priorité
à la protection des cétacés et de leur habitat, en
particulier en Méditerranée. Grâce à une approche
interdisciplinaire innovante et non invasive nourrie
par des collaborations internationales, nous nous
sommes engagés durant ces dernières années à
assurer la protection de ce précieux écosystème »,
poursuit Ginevra Boldrocchi, étayant sa présentation
de cartes et de résultats scientifiques.
« Nous avons besoin de comprendre leur langage
de manière à écrire le scénario du vivant au sein du
canyon qui n’est pas le seul mais qui est l’un des plus
productifs de cette région », résume l’océanographe
italien Sandro Carniel associé au projet de veille
acoustique.
Prochain objectif ? Créer une aire marine protégée
afin de conserver durablement la vitalité marine du
site. Un événement qui sème indéniablement une
note d’espoir. Dauphin de Risso (Grampus griseus)
©Luca Bittau, président-fondateur de Sea Me sardinia
« Nous sommes si chanceux d’être cette génération capable
du changement : partout, c’est le déclin de la nature mais nous
pouvons agir, et ces Hope Spots nous donnent des raisons
d’espérer. Nous avons beaucoup à apprendre des cétacés, qui
sont les plus grands habitants de la planète.
L’humain a failli éliminer les baleines qui se sont retrouvées au
bord de l’extinction. Un accord intergouvernemental a permis
de renverser les choses. Aujourd’hui, les plus grandes menaces
pour ces grands mammifères marins restent les collisions, la
pollution sonore et le manque de nourriture, sans oublier les
filets dérivants, qui n’ont rien à voir avec les filets de la pêche
d’antan tissés avec des matières naturelles et biodégradables.
C’est pourquoi, nous ne voulons pas pour les Hope Spots de
" parcs de papier " mais des niveaux de protection forts », confie
la célèbre océanographe Sylvia Earle (ci-contre), à l’origine de ce
réseau de Hope Spots. Venue soutenir One Ocean Foundation,
la scientifique s’est vu remettre une médaille One Ocean
Foundation à l’occasion de l’événement.