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38 | FAVORISER L'ÉCONOMIE ET LA FINANCE BLEUES
LA TABLE RONDE DE L’ÉCONOMIE BLEUE
Le transport maritime
et la triple crise planétaire
Conviés à un atelier de deux jours par le Centre scientifique de Monaco,
les experts de l’économie bleue réfléchissent à la transition d’un secteur clé
de l’économie mondiale.
Cette nouvelle édition de la table ronde dédiée à COMMERCE MARITIME :
l’économie bleue organisée dans le cadre de la VERS UNE NOUVELLE ÈRE ?
Monaco Ocean Week s’est emparée d’une nouvelle
thématique. Les 19 et 20 mars 2024, des experts « La prolifération du transport maritime, bien qu'in-
internationaux en matière de politique publique et de dispensable au commerce mondial, est devenue une
science de l’océan se sont réunis pour discuter et arme à double tranchant, exacerbant la triple crise
avancer vers des normes minimales communes dans planétaire du changement climatique, de la pollution
le domaine de la conservation de l’océan, en parti- et de la perte de biodiversité » constate Patrick Ram-
culier concernant le trafic maritime. Deux journées pal, président du Centre scientifique de Monaco. Or
intenses coorganisées par le Centre scientifique de la récente COP 28 à Dubaï a annoncé l'avènement
Monaco, la Fondation Prince Albert II de Monaco, du « Pacte 2030 sur le transport maritime pour les
la Philanthropy Cortés Solari, la Fondation MERI et populations et la nature (SPPaN) », qui vise à traiter le
Velux Fonden. Conviés autour de quatre tables de lien complexe entre le trafic maritime et la triple crise
travail, les participants de cet atelier de haut niveau planétaire. Ce pacte historique souligne la nécessité
ont examiné les défis auxquels sont confrontées les de décarboner le transport maritime, non seulement
nations pour évoluer vers un trafic maritime durable, pour atténuer son empreinte environnementale, mais
dans le but d'atténuer son impact sur le climat, la aussi pour inaugurer une ère durable du commerce
biodiversité et la pollution. maritime. En effet, la pollution maritime, qui émane
principalement des activités de transport maritime,
représente un formidable défi pour nos aspirations
LA BASE D'UNE NOTE D'ORIEN- collectives à un avenir durable. Si le transport maritime
TATION reste relativement moins polluant que d'autres modes
de transport, il y a encore beaucoup de progrès à
L'atelier de la Monaco Ocean Week a permis de faire. Nathalie Hilmi, économiste responsable de la
formuler des recommandations concrètes liées à section « économie environnementale » du Centre
quatre dimensions : scientifique et environnementale, scientifique de Monaco précise que « la transition
institutionnelle et sociale, économique et financière, vers la décarbonation nécessite des efforts concertés
et enfin technologique. Chaque groupe de travail a pour explorer des solutions innovantes et adopter des
relevé un certain nombre de points et de préconisa- carburants plus propres et plus sûrs, annonçant
tions, qui sont actuellement consolidés par l'équipe ainsi une nouvelle ère de durabilité dans le transport
organisatrice afin d'être transformés en un solide maritime. Cependant, le chemin vers la décarbonation
document d'orientation de politique publique (policy est semé d'embûches, allant des contraintes techno-
brief), qui sera présenté à Bakou en novembre 2024 logiques à la viabilité économique et à l'acceptation
lors de la COP 29. sociale. Pour relever ces défis, il est impératif de
favoriser un esprit de collaboration, en s'appuyant sur
la sagesse collective des parties prenantes de tous les
secteurs et de toutes les zones géographiques ».