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102 | SENSIBILISER LA JEUNESSE
ARCTIQUE
Focus sur le narval,
un mystérieux habitant
de l’océan
Le cétacé de l’Arctique, légendaire « licorne des mers », a été mis à l’honneur
lors de la Monaco Ocean Week au cours d’une conférence grand public
animée par l’un des meilleurs spécialistes mondiaux de l’espèce.
Étendues primaires d’eau et de glace, montagnes C’est le fruit de ces recherches qui a été présenté
intimidantes… Tels sont les paysages des narvals, par le Dr. Nweeia lors d’une conférence grand public
ces discrets cétacés migrateurs qui, en été, gagnent le 24 mars 2023, lors de la Monaco Ocean Week,
l’Arctique pour se reproduire. Durant des siècles, les contribuant ainsi à une meilleure connaissance du
légendes et les hypothèses sur le rôle de leur défense narval. Apanage des mâles, la dent hypertrophiée,
en ivoire torsadée et démesurée furent nombreuses. qui atteint 2,5 mètres de longueur, serait « le maté-
La recherche scientifique se penche sur cette ques- riau le plus flexible sur la planète puisqu’elle se plie
tion dès le début des années 2000 et c’est en 2014 à raison de 12 degrés dans toutes les directions »,
que Martin Nweeia, chercheur pour Harvard’s Ca- d’après le conférencier qui montre de saisissantes
talyst et professeur adjoint à la Case Western Re- images macroscopiques 3D du nerf central : « Les
serve University, démontre la fonction sensorielle de riches terminaisons nerveuses de la dent permettent
la « corne » chez des narvals vivants. Pour ce faire, à l’animal de percevoir les différences de pression,
grâce à un laboratoire flottant dans les eaux arctiques, de salinité, ou de température, facteurs clés dans la
il compare la réponse physiologique de la fréquence formation de la glace qui conditionne la migration de
cardiaque des animaux exposés à différents degrés l’espèce », explique le chercheur.
de salinité introduits dans la défense. Les résultats
de l’étude font alors la couverture de la revue The Ces recherches ont eu des répercussions sur les
Anatomical Record et attirent l’attention de la presse communautés inuites qui pilotent désormais le suivi
internationale. Depuis, l’étude lancée sur le génome des populations de narvals : « Ces cétacés sont diffi-
du narval, dirigée par le Dr. Nweeia, chercheur cana- ciles à suivre car ils affleurent à peine de l’eau, on les
dien au musée de la Nature du Canada, partenaire voit peu », confie un référent local. Une tendance qui
de Zoonomia au Broad Institute du MIT / Harvard, a se voit aujourd’hui bousculée par les modifications
produit le génome de référence de cette espèce ainsi de la banquise, fortement impactée par le réchauffe-
qu’une lignée cellulaire de narval au Frozen Zoo de ment climatique. L’espèce risque d’être rapidement
San Diego. confrontée à des changements dans ses routes mi-
gratoires, à la présence de nouveaux prédateurs et
à la pollution sonore issue du trafic maritime et du
développement de la prospection sismique.