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66 | SOLUTIONS POUR L’OCEAN / INNOVATIONS

Hervé Claustre
Océanographe au laboratoire d’océanographie
de Villefranche-sur-Mer, médaille d’argent
du CNRS, coresponsable de la mission
biogéochimique BGC-Argo du programme
One Argo (BGC Argo)

sures au travers de 6 nouveaux paramètres dans le
cadre de la mission BGC Argo, nous appréhendons
de mieux en mieux la dimension vivante de l’océan,
toujours dans le but d’affiner notre expertise de son
fonctionnement. Leader sur le plan international, notre
laboratoire a été impliqué tant au niveau du dévelop-
pement technologique des nouveaux capteurs, de la
Le programme a-t-il déjà permis d’observer des science réalisée grâce à ces mesures qu’au niveau de
changements océaniques qui n’ont pas eu lieu l’organisation de ce programme international.
depuis des centaines de milliers d’années ?
Oui, absolument. Les changements que nous obser- L’un des paramètres de BGC Argo est la couleur
vons, tous liés à l’augmentation de CO et de gaz à de l’océan. Les données des satellites ne suf-
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effet de serre dans l’atmosphère, ne se sont jamais fisent-elles pas ?
produits dans l’histoire de l’humanité. C’est pourquoi Plus l’océan est vert, plus il est riche en chlorophylle,
il est essentiel d’avoir un réseau d’observation qui qui est le pigment caractéristique du phytoplancton
puisse documenter les effets de ces perturbations sur (ou plancton végétal). Plus il est bleu, plus il est pauvre
l’océan. Nous sommes déjà dans une phase critique, en phytoplancton. En analysant ce paramètre, on peut
mais ce n’est qu’en renforçant observations et me- donc savoir si on a un océan désertique ou riche en
sures que nous pourrons donner des informations à plancton, et donc potentiellement en ressources ali-
la fois régionales et globales avec une précision crois- mentaires par le bais de la chaîne alimentaire dont il est
sante, et ainsi contribuer à mieux alerter sur les évolu- le point de départ. Or les satellites n’observent que les
tions en cours. 20 à 30 premiers mètres de l’océan. Les flotteurs BGC
Argo sont donc complémentaires de l’observation des
Quelle est le rôle du laboratoire d’océanogra- satellites parce qu’ils nous donnent des informations
phie de Villefranche-sur-Mer dans l’aventure One sur la quantité de chlorophylle.
Argo ?
Le laboratoire est intervenu une dizaine d’années « Grâce au programme Argo,
après le lancement d’Argo, en 2010. Sur les robots qui on s’est rendu compte que
mesuraient la température et la salinité de l’eau entre la
surface et 2 kilomètres de profondeur, nous avons pro- l’océan absorbe plus de 95 %
gressivement ajouté des capteurs biogéochimiques de la chaleur en excès liée
qui documentent l’état de santé de l’océan, du fonc-
tionnement des écosystèmes qu’il héberge et de leur aux activités humaines ».
impact sur le cycle du carbone. En diversifiant les me-