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58 | SOLUTIONS POUR L’OCEAN / INNOVATIONS
« On doit passer d’une société
de gaspillage à une société
d’efficience ».
Bertrand Piccard
explorateur et environnementaliste suisse,
initiateur et président de la Fondation Solar Impulse
En un an, vous avez dépassé votre objectif de Que vous inspire cette journée de la Monaco
labelliser 1 000 solutions écologiques et ren- Ocean Week dédiée aux innovateurs ?
tables. Vous attendiez-vous à un tel foisonne- Il est ressorti que toutes les solutions existent pour
ment de solutions abouties ? que plus un seul déchet n’arrive dans l’océan ou
J’étais certain que beaucoup de solutions exis- les décharges publiques. Il est possible de prendre
taient, même si nous ne les connaissions pas. Il les déchets ménagers d’une ville et les transfor-
y a énormément d’entreprises, d’innovateurs, de mer en matériau de construction ou en plastique
start-ups, de PME qui travaillent à ces innovations. pour réaliser du mobilier, on peut recycler toutes
Ce qu’il fallait, c’était un travail d’exploration dans les bouteilles en plastique de manière infinie en
tous les domaines, et c’est justement cela qui me gardant leur transparence… Cette journée nous
plaît. Au début, nous avons dû gagner la confiance a présenté beaucoup de solutions concrètes, dis-
des innovateurs, leur expliquer à quoi pouvait ser- ponibles et rentables économiquement. On était
vir le label Solar impulse. Aujourd’hui, notre Fonda- vraiment dans l’action et non dans un vœux pieu
tion est reconnue comme étant « la » fondation des de changement.
solutions et nous en labellisons de plus en plus.
Nous avons atteint les 1 000 solutions en avril 2021. Est-ce dans ce sens que vous avez plaidé
Depuis, nous avons labellisé une solution par jour, lors de la COP 26 à Glasgow ?
ce qui nous conduit à soutenir 1 400 solutions à Absolument. Lors de la COP 26, j’ai montré que
l’heure actuelle. les pays craignent souvent de prendre des enga-
gements environnementaux parce qu’ils imaginent
Quelle est la spécificité du label Solar Impulse ? que cela va être préjudiciable à leur développe-
Il est le seul label au monde qui certifie la rentabilité ment économique. Or c’est justement le contraire
économique de systèmes, de produits et de ma- qui se produit : si on passe d’une société de gaspil-
tériaux qui protègent l’environnement. S’appuyant lage à une société d’efficience, on va dégager suf-
sur une commission d’experts indépendants, le fisamment de profit supplémentaire pour pouvoir
processus de labellisation est certifié par la société amortir les investissements de départ. Par consé-
d’audit Ernst & Young. Pour être labellisée, il faut quent, plus les pays s’engagent dans la protection
que la solution existe, qu’elle protège l’environne- de l’environnement, plus ils vont créer de l’emploi,
ment et qu’elle soit économiquement rentable pour plus ils vont dégager une marge bénéficiaire, et
celui qui la produit comme pour celui qui l’utilise. plus ils vont stimuler leur économie.
Et nous prenons en compte l’intégralité du cycle de
vie dans l’évaluation écologique de ces solutions.