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48 | SOLUTIONS POUR L’OCEAN / LES SOLUTIONS FONDÉES SUR LA NATURE
UN DÉSÉQUILIBRE
COMPTABLE
Modéré par Nathalie Hilmi, responsable de
la section « économie environnementale » du
Centre scientifique de Monaco, le second pa-
nel a abordé le rôle économique et financier
des aires marines protégées et des sanctuaires
marins. Dans quelles mesures les solutions fon-
dées sur la nature peuvent-elles devenir un in-
vestissement bénéficiant à la société ?
Baleines, herbiers marins, mangroves… Quels
sont les outils financiers permettant de renfor-
cer le rôle des puits de carbone bleus dans la
séquestration du carbone ? Quelle valeur ac- Patricia Morales, directrice générale de la fon- « Quand on crée une aire
corder au carbone bleu ? « Les marchés ne dation chilienne Filantropía Cortés Solari, a sou- marine protégée, on fait un
prennent pas cela au sérieux car il n’y a pas de ligné les avantages du carbone bleu, l’océan choix culturel, celui de protéger
propriétaires ou de gestionnaires identifiables. séquestrant plus de carbone que la forêt ou le un environnement et les
Pour qu’ils le prennent en compte, nous avons sol terrestre, tout en pointant un « déséquilibre écosystèmes qu’il abrite. »
besoin d’un cadre juridique qui accorde des comptable » en défaveur de l’océan : « Nous Paolo Guidetti, écologue
droits à la nature », déclare Ralph Chami, éco- devons prendre des décisions rationnelles
nomiste à Blue Green Future, citant les pion- après avoir scientifiquement évalué les services marin de la Station zoologique
niers en la matière, à savoir le Chili, la Nou- des écosystèmes marins », a-t-elle préconi- Anton Dohrn (Italie)
velle-Zélande ou la République tchèque. sé en vantant les stratégies soutenues par la
science. Point de vue appuyé par la conclusion
Questionnant les limites d’une approche de ca- du séminaire.
pital naturel, Ekkehard Ernst, macroéconomiste
en chef à l’Organisation internationale du tra-
vail, a insisté sur la nécessité d’un mécanisme
d’évaluation de ce capital qui tienne compte
des préoccupations environnementales et des EN
zones prioritaires, notamment pour les pays en CHIFFRES
développement.
■ 1 trillion de dollars : l’évaluation du service
écosystémique de séquestration du carbone
des herbiers marins dans le monde,
■ 2 millions de dollars : l’évaluation du service
écosystémique de séquestration du carbone
d’une baleine.
(sources : N. Hilmi, R. Chami et al., “The Role
of Blue Carbon in Climate Change Mitigation
and Carbon Stock Conservation”, Frontiers in
Climate, septembre 2021).