Page 13 - Livre_MOW2023_FR
P. 13
GOUVERNANCE DE L’OCÉAN | 11
Ainsi que l’expose Heather Koldewey, « les zones SESSION 3.
hautement protégées offrent les meilleurs avantages LA RESTAURATION DES
en matière de conservation, mais elles ne doivent
pas se faire au détriment de l’économie locale ». La ÉCOSYSTÈMES MARINS
conseillère pour les aires marines protégées au Mo- La restauration des écosystèmes marins dégradés
zambique a partagé l’expérience conduite dans son s’impose comme un moyen naturel d’améliorer le
pays où « des pêcheurs des Philippines ont été invités piégeage du carbone, d’inverser la tendance à la
à partager leurs connaissances auprès des pêcheurs perte de biodiversité et de protéger les côtes des ef-
locaux, ce qui a aidé les habitants à considérer les fets néfastes du changement climatique. À ce titre,
aires marines protégées comme des zones de réap- elle fait partie des engagements pris par les signa-
provisionnement ». L’incitation comme mécanisme taires du nouveau cadre mondial pour la biodiversité
de changement fédère une pluralité d’approches ter- Kunming-Montréal de décembre 2022, qui a adopté
ritoriales impliquant les communautés côtières et les l’objectif de 30 % de protection de la nature d’ici à 2030.
pêcheurs, véritables contributeurs à la gestion des Cependant, ainsi que le précise Marco Lambertini,
AMP. Des eaux des Seychelles aux eaux turques, envoyé spécial du WWF International, « la destruction
des eaux panaméennes aux eaux des 56 pays du est beaucoup plus rapide que la restauration, c’est
Commonwealth, cette logique collaborative et trans- pourquoi la prévention des effets négatifs de notre
versale est apparue fondatrice au cours du panel. La modèle économique actuel devrait être la priorité ».
question des moyens favorables au déploiement ef- Le panéliste avance la nécessité de conduire plu-
ficace des mesures de protection reste au cœur du sieurs approches de la restauration (de la libre évolu-
statut des AMP, en particulier dans le contexte de la tion à la restauration intensive ou assistée).
lutte contre la pêche illégale et de la connectivité éco-
logique des aires protégées. « La Décennie des Nations unies pour la restauration
a jusqu’à présent impliqué 61 pays et restauré 23
« L’objectif mondial d’atteindre 30 % sites marins et d’eau douce, prouvant ainsi que ces
de protection des océans d’ici 2030 reste écosystèmes peuvent se reconstituer. Nous savons
un véritable défi en raison du manque comment le faire, mais nous devons intensifier les
de volonté politique et de ressources moyens pour y parvenir », témoigne Leticia Carvalho,
financières, techniques, scientifiques et coordinatrice principale de la branche Eaux marines
humaines ». et douces du Programme des Nations unies pour
Jean-François Ferrari, ministre désigné l’environnement au Kenya. Plaidant pour une trans-
pour la pêche et l’économie bleue, formation systémique mondiale, l’intervenante a pris
l’exemple du fonds mondial pour les récifs coralliens :
gouvernement de la République des Seychelles
« Peut-être que nous sommes la première génération
à pouvoir sauvegarder un écosystème dans son in-
tégralité ».
Cette session a exploré les opportunités et les défis
liés à la restauration des écosystèmes marins, avec
des contributions de la gouvernance, de la conser-
vation et de l’océanographie. La restauration exem-
plaire d’une mangrove du delta du Mékong a permis
de mettre en balance la spécificité des écosystèmes
à restaurer (plancton, herbiers de posidonies, co-
raux…) impliquant des stratégies singulières. Une
certaine prudence à l’égard des crédits de carbone
bleu a été partagée lors de la session.