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114 | PROTECTION DE LA BIODIVERSITÉ / COMITÉS DE PILOTAGE EN BREF
Anse Capucin. Sud-est de Mahé - Seychelles
© Timon - Adobe Stock objectifs et la mise en œuvre de 3 projets
du programme scientifique de la mission
avec leurs responsables respectifs. La cible
prioritaire, la zone de gestion conjointe
entre l’île Maurice et les Seychelles de
Saya de Malha, située au-delà des zones
économiques exclusives des deux États,
a particulièrement retenu l’attention du co-
mité, l’enjeu étant de réunir des éléments
scientifiques susceptibles d’aider à conso-
FEUILLE lider la gouvernance partagée d’une zone
relevant potentiellement d’une valeur uni-
DE ROUTE DES verselle exceptionnelle. Cette mission des
EXPLORATIONS Explorations de Monaco, programmée à
l’automne 2022, s’intéressera également
DE MONACO la coopération gouvernementale. Sous la à une sélection de refuges (îles ou monts
sous-marins) pour la biodiversité au sein de
présidence du scientifique Carl Gustaf Lun- cette région dans le but d’aider à leur pré-
Le comité d’orientation de la mission din, directeur général de Mission Blue, les servation face aux impacts de la pression
« Océan Indien » préparée par la société 14 membres du comité, venus d’Afrique du anthropique et du changement climatique.
des Explorations de Monaco s’est réuni au Sud, d’Australie, des États-Unis, de France
Musée océanographique le 23 mars der- et de Suède, ou à distance depuis l’île Le comité a enfin réfléchi aux actions de
nier afin d’émettre des recommandations Maurice et le Royaume-Uni, se sont enten- communication susceptibles d’accompagner
sur le périmètre et la conduite de ce pro- dus sur la finalisation de l’état des lieux des la mission et la diffusion de ses résultats.
jet collaboratif à la croisée de la science, espaces maritimes ciblés.
de la médiation, de la sensibilisation et de Les échanges se sont concentrés sur les
UN ARSENAL JURIDIQUE
PLUS RÉPRESSIF POUR L’OCÉAN
Coup de projecteur sur le droit, volet méconnu mais non moins essentiel de la protection de l’environnement : le 1 workshop juridique de la Monaco
er
Ocean Week organisé par la Fondation Prince Albert II de Monaco. Le 25 mars dernier, la pierre angulaire d’un rendez-vous amené à se développer a
été posée par d’éminents spécialistes du droit de la mer réunis autour d’une problématique : Comment renforcer et développer les mécanismes de
sanction dans le droit environnemental marin ?
Le grand avocat Alexander Knoops, professeur en droit international à l’Université d’Amsterdam, a commencé par indiquer les enjeux et la nécessité
d’apporter plus de coercition dans le droit environnemental marin, au travers notamment de l’analyse des premiers grands arrêts en matière de droit
de l’environnement. Le professeur propose en ce sens, sur des critères précis et objectifs, la création d’un crime d’écocide, et plus spécifiquement
d’océanocide, qui deviendraient les 5 crimes internationaux du Statut de Rome de la Cour pénale internationale.
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Puis, Philippe Weckel, professeur de droit international à l’Université de Nice Sophia Antipolis, a apporté un éclairage sur la complexité d’application du
droit dans le domaine marin, du fait notamment du chevauchement des strates de législations (droit de l’état de port, droit des eaux territoriales, droit
de pavillon). Grégoire Leray, professeur de droit environnemental à l’Université de Nice Sophia Antipolis, a mis en exergue des critères d’évaluation de
la performance des conventions internationales en matière de protection de l’environnement.
En conclusion, outre la nécessité de renforcer les sanctions en droit environnemental, en particulier marin, le panel a laissé entrevoir des solutions
supranationales émergentes, comme l’idée d’une force d’intervention marine mondiale au service de la protection marine.