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84 | INNOVATIONS BLEUES

L’Aire marine protégée du Larvotto (33 hectares) REPÈRE
protège un herbier de posidonies, habitat emblématique de Méditerranée.

BIOTECH
Des récifs artificiels 3D

plein de vie

Un premier bilan évalue la portée du projet pilote de l’Aire marine
protégée du Larvotto initié en 2015 par la Fondation Prince Albert II

de Monaco et l’Association monégasque pour la protection de la nature.

Après plus de 3 années passées sur le fond sableux DE VÉRITABLES HABITATS
de l’anse monégasque du Larvotto, les récifs artifi- POUR LES ESPÈCES
ciels imprimés en 3D sont-ils devenus de véritables
habitats sous-marins ? De quelle manière ces struc- Pour appréhender la colonisation progressive des ré-
tures immergées à une trentaine de mètres de fond cifs immergés, une méthode classique de comptages
ont-elles été colonisées ? Une équipe multidisci- visuels des peuplements de poissons dans un rayon
plinaire composée d’experts en écologie marine, de 3 mètres autour des récifs est couplée à un sui-
d’ingénieurs du secteur privé et des gestionnaires vi photographique automatisé bisannuel permettant
des Aires marines protégées de Monaco a mené d’identifier les espèces plus craintives, à raison d’une
l’enquête. Deux chercheurs en écologie marine ont photo toutes les 30 secondes. Depuis 2018, 23 es-
présenté leurs conclusions lors de la Monaco Ocean pèces de poissons ainsi que 3 espèces de céphalo-
Week. podes et des crustacés ont pu être observées à l’in-
térieur ou à proximité des récifs. Ainsi, au milieu des
DES LABORATOIRES bancs de castagnoles et des girelles, les plongeurs
NATURELS ET PERFORMANTS ont pu recenser congres, serrans-tambour, pageots,
murènes, chapons, rascasses mais aussi langoustes,
Ces six îlots aux anfractuosités savantes se révèlent apogons et même un jeune mérou brun. Des pontes
être de « véritables laboratoires naturels pour la re- de calamars et de poulpe ont été régulièrement ob-
cherche scientifique », résume Elisabeth Riera du la- servées. Le chercheur en écologie marine Alexis Pey
boratoire ECOSEAS de l’Université Nice Côte d’Azur, en conclut que « ces observations mettent en évi-
en soulignant leur efficacité dans la restauration des dence l’efficacité des récifs imaginés par le profes-
habitats côtiers. « Cette nouvelle génération de récifs seur Patrice Francour ». Les résultats acquis sur le
offre une grande complexité structurelle conçue pour site du Larvotto permettent de valider les hypothèses
l’attraction d’espèces spécifiques », poursuit la bio- de leur concepteur : les espèces qui ont un intérêt
logiste qui démontre la performance écologique du écologique et économique majeur colonisent les ré-
matériau employé. À la différence d’un béton clas- cifs, certaines s’étant même approprié durablement
sique, les communautés fixées sur ces récifs à base les nouveaux habitats. Ces suivis vont se poursuivre
de sable des Dolomites ne piègent pas les métaux dans les prochaines années.
lourds présents dans l’environnement marin.