Lors de cette édition, représentants de gouvernements, de la société civile et du secteur privé, mais également organisations internationales, et scientifiques ont partagé cette conviction commune : la vitalité de la Planète et de l’Océan peut aller de pair avec la vitalité de l’économie !
Dans Son discours d’ouverture, S.A.S. le Prince Albert II de Monaco a d’emblée invité à la mobilisation générale, soulignant que « la meilleure chose à faire est de construire un dialogue entre les différents acteurs concernés. De faire se rencontrer les connaissances, les expertises, les moyens. De construire des diagnostics, des ambitions et des stratégies partagés. » Alors même que de grands rendez-vous internationaux sont à l’agenda de 2021 tant en matière de préservation de la biodiversité que de conservation de l’Océan, c’est bien cette ambition qui doit nous animer.
John Kerry, Envoyé spécial du Président des USA pour le climat a pour sa part affirmé que « Nous ne pouvons pas lutter contre la crise climatique sans le potentiel de l’océan. L’océan est une source de solutions climatiques durables […] Il suffit de penser aux emplois que ces évolutions vont créer. Le fait est que nous sommes face à la plus grande transformation économique que le monde ait connue depuis la révolution industrielle. »
Les entreprises doivent s’engager dans l’économie bleue avec l’appui de la science
Dans cette perspective, la mobilisation du secteur privé est essentielle, d’une part car il y a un formidable vivier d’emplois, mais aussi parce que la conservation doit s’appuyer sur les moyens et outils du secteur privé.
« Les lois internationales et nationales ne suffisent pas à résoudre les nombreux problèmes du développement durable et la composante océanique est l’une des plus complexes. Le secteur privé a la possibilité, grâce aux principes de la responsabilité sociale des entreprises, de soutenir ce changement de paradigme. » a expliqué Ricardo Serrão Santos, Ministre de la Mer au Portugal.
Pour stimuler l’engagement du secteur privé et changer d’approche, il faut élargir le point de vue et prendre en compte les « services écosystémiques » – bienfaits non-monétaires – de l’Océan et mieux prendre en compte les avantages de long terme d’un océan en bonne santé.
Tout au long de la journée est revenue la nécessaire complémentarité des acteurs pour réussir la protection de l’Océan : cap politique, du cadre réglementaire et de l’engagement des acteurs privés.
Cette coopération doit se baser sur une connaissance large, partagée, transparente, de l’Océan. La science doit être le trait d’union des différentes actions, réunissant le diagnostic, l’impulsion politique et les outils opérationnels pour chacun. La science ne doit pas viser uniquement l’augmentation des connaissances et des données. Elle doit aussi apporter des éclairages, des indicateurs qui permettent de mieux guider, influencer, mesurer les actions publiques et privées.
De nouveaux outils pour une économie vraiment durable
Il est urgent de développer un ensemble d’outils de décisions et de pilotage intégrant les grands objectifs environnementaux et sociaux, et qui prennent en compte le long terme.
Les entreprises éprouvent quant à elles des difficultés pour se fixer des objectifs qui font sens. Beaucoup se sentent « loin » de l’Océan : quel est leur impact ? Comment peuvent-elles contribuer à sa protection ?
Un virage a été pris avec la responsabilité sociale des entreprises, mais l’engagement ne peut se réduire à un argument marketing, pour répondre à une « mauvaise conscience » et doit être au cœur de la stratégie pour décliner les objectifs de développement durable.
« Nous avons besoin de leaders dans tous les secteurs d’activité. Même si ces secteurs apparaissent a priori éloignés de l’océan, ces leaders vont tracer la voie, expérimenter, et entraîner en cascade les autres entreprises de leur supply-chain, leurs partenaires, et jusqu’aux consommateurs. C’est de proche en proche que l’on développera l’attention pour l’Océan » a résumé Robert Calcagno, Directeur général de l’Institut océanographique de Monaco.
Le secteur financier peut contribuer en apportant ses outils pour valoriser le futur et notamment les risques : ceux que peuvent entraîner le changement climatique et la dégradation de la biodiversité et a contrario la façon dont les solutions basées sur la nature peuvent réduire ces risques (ex : préservation/restauration de mangroves et récifs coralliens).
Pour cela la finance a elle aussi besoin de données précises sur l’état de l’environnement, les services rendus par la nature aujourd’hui, et des modèles pour prédire leur évolution à venir.
« De nouveaux mécanismes sont à créer pour agréger des sources de financement diverses (publiques, privées, philanthropie) et des bénéfices eux aussi de nature variée, monétisables ou non. Le Global Fund for Coral Reefs en est un bon exemple » illustrera Olivier Wenden, Vice-président et Administrateur Délégué de la Fondation Prince Albert II.
Allier la relance économique à la préservation de l’Océan
En ouverture de la MBI S.A.S le Prince Albert II de Monaco a lancé que « [Les plans de relance post-Covid] offrent une fenêtre rare dans l’histoire ».
Pour les gouvernements, la prise en compte du long terme est la clé pour aligner les plans de relance massifs qui voient le jour à travers le monde et la préservation de l’Océan et de la Planète. Il ne s’agit pas seulement de réparer l’économie après le Covid, mais aussi de la construire pour les décennies à venir.
« L’économie bleue doit ainsi constituer un des piliers des plans de relance. Nous devons reconstruire mieux, et en bleu ! » a affirmé Annick Girardin, Ministre de la Mer française.
Aussi, Virginijus Sinkevičius, Commissaire européen à l’environnement, aux océans et à la pêche a rajouté que « L’économie bleue jouera un rôle majeur dans notre transformation, nous ne répondrons pas aux ambitions du Green Deal européen sans l’économie bleue ».