Quoique ne représentant qu’1% de la superficie totale des océans, elle concentre à elle seule plus de 10% des espèces connues[1]. Parmi celles-ci, on trouve beaucoup d’espèces endémiques et pélagiques en voie de disparition.
En effet, la mer Méditerranée est l’une des régions du globe les plus affectées par la pollution par les déchets marins. Les spécificités de la Méditerranée et des flux qui la traversent contribuent à l’accumulation de déchets : échanges limités des bassins avec l’océan, apports de déchets issus des zones urbanisées, côtes densément peuplées et tourisme développé, de trop faibles capacités de collecte et de traitement des déchets dans certains pays, et un trafic maritime important.
Les déchets marins correspondent à l’ensemble des matériaux ou objets qui sont volontairement ou involontairement rejetés de façon inappropriée. Ils se retrouvent sur les plages, à la surface de la mer, dans la colonne d’eau, ou encore sur les fonds marins. Ils sont constitués de matières diverses (plastiques, métaux, verre, papier, textile, bois, etc.) et de tailles différentes : du macro déchet (visible à l’œil nu) au micro déchet (<5mm), pouvant se transformer en nano particules (<1µm). Selon les experts, 80% des déchets présents en Méditerranée sont d’origine terrestre (déchets jetés depuis la terre et transportés jusqu’à la mer par les vents et les cours d’eau). 80% d’entre eux sont des plastiques.
La pollution par les déchets marins, qu’elle soit d’origine terrestre ou marine (déchets rejetés depuis des navires par exemple) est une préoccupation environnementale mondiale et constitue une menace importante pour la biodiversité dans son ensemble, tant pour les habitats que pour les espèces marines, comme les cétacés qui peuvent être blessés ou tués en les ingérant ou en s’y emmêlant. Face à ce danger, la coopération internationale est donc fondamentale dans le but d’améliorer la situation.
La Principauté de Monaco est très sensibilisée à la préservation du milieu marin
Consciente de ces enjeux, elle accueille sur son territoire 3 Organisations intergouvernementales traitant des questions de protection de l’environnement marin :
- RAMOGE est un Accord entre la France, Monaco et l’Italie signé en 1976 et entré en vigueur en 1981. Son objectif est d’établir une coopération entre les trois pays pour la préservation du littoral et du milieu marin de la zone comprise entre Marseille et La Spezia. RAMOGE considère la problématique des déchets marins comme une de ses préoccupations majeures, en s’intéressant à leur distribution et à leurs impacts, et en proposant des actions simples aux citoyens et aux collectivités pour en limiter leur quantité ;
- ACCOBAMS est un Accord actuellement ratifié par 24 Pays et dont l’objectif est de protéger les cétacés dans l’ensemble de la Méditerranée, de la Mer Noire et dans une partie du proche Atlantique. Dès sa création en 1996 et son entrée en vigueur en 2001, ACCOBAMS s’est emparé de la problématique des déchets marins. En effet l’objectif de cet Accord est de réduire les menaces qui pèsent sur les baleines et les dauphins au travers, notamment, de l’amélioration de nos connaissances sur ces espèces ;
- L’Accord Pelagos pour la création en Méditerranée d’un Sanctuaire pour les mammifères marins a été signé par la France, l’Italie et la Principauté de Monaco en 1999 et est entré en vigueur en 2002. L’objectif de l’Accord est de protéger les mammifères marins et leurs habitats, dans une aire de 87 500 km2, de toutes menaces d’origine anthropique, telles que la pollution, les nuisances sonores, les collisions avec les navires, les captures accidentelles, les dérangements dus à leurs observations pratiquées de façon non respectueuse, etc. Le Sanctuaire Pelagos est reconnu par la Convention de Barcelone en tant qu’Aire Spécialement Protégée d’Importance Méditerranéenne (ASPIM) depuis 2001 et est une zone pilote de l’ACCOBAMS.
Les Secrétariats des trois Accords travaillent en étroite collaboration sur différentes thématiques et notamment la problématique des déchets marins afin :
- d’évaluer l’impact des déchets marins sur la biodiversité, les habitats, les espèces, et en particulier les cétacés ;
- d’élaborer et mettre en œuvre des programmes de sensibilisation du public sur le sujet des déchets marins ;
- de soutenir et proposer des moyens et actions efficaces pour réduire les déchets marins dans l’environnement, y compris les initiatives volontaires et législatives visant à réduire la production et la consommation d’articles à usage unique, et à investir dans la collecte, le recyclage et l’élimination durable des déchets.
Des actions concrètes ont ainsi été menées ces dernières années pour mieux comprendre la distribution des macrodéchets en Méditerranée : sur les plages (campagnes RAMOGE de recensement des déchets sur les plages de Ligurie, de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, et à Monaco), en surface (ACCOBAMS Survey Initiative) ou en profondeur (campagnes d’exploration RAMOGE en zones profondes). Même s’ils peuvent passer inaperçus, l’impact des micro-plastiques pour le milieu marin ne doit pas être négligé. C’est l’objet du projet « Pelagos Plastic Free – Integrated actions to reduce plastic debris in the Pelagos Sanctuary » financé par l’Accord Pelagos et d’études réalisées par l’ACCOBAMS.
Le film que nous vous présentons ici a été réalisé conjointement par les Secrétariats des Accords RAMOGE, ACCOBAMS et Pelagos. Cette vidéo a pour objectif de sensibiliser le grand public à l’impact des déchets sur le milieu marin et de promouvoir des actions simples mais efficaces pour diminuer cette pollution. Il est urgent de réduire les déchets marins et de se mobiliser tous en ce sens.
[1] Plan Bleu (2020) : Rapport sur l’état de l’environnement et du développement en Méditerranée ;
(SCP/RAC). (2017). 25 solutions innovantes et motivantes pour lutter contre les déchets marins plastiques dans la région Méditerranéenne. Centre d’Activités Régionales pour la Consommation et la Production Durables, rapport, Barcelone.